De l'autre côté
un enfant dit "je t'aime"
au matin qui poudroie.
Roulent quelques agathes
dans le matin si frais.
C'est toujours la même chose
quand on marche à reculons.
Le Monde se penche sur nous,
nous octroie l'embrasure.
Juste au centre,
au centre de notre soif.
On replie ses ailes un instant,
on se pose.
Reviennent alors les étés,
les hivers, le vieux saule
et les livres.
Des visages oubliés ruissellent
sur la vitre,
des dunes, des houles
irriguent notre peau.
On peut rester là,
pantelant de lumière,
à partager avec la mère
l'odeur de la rivière,
la rumeur des roseaux.
On ne sait plus très bien,
la nuit, le jour...
quelle est la vérité du ciel.
On sait juste que là,
des offrandes déferlent
qui nous bouleversent.
On sait juste que là,
on vient à la rencontre
de nos pas perdus,
de notre devenir aussi.
On veut juste
que plus personne
ne touche à rien.