A quoi bon le flot
si les mains se referment ?
A quoi bon la demeure
s'il n'y a plus de chemin ?
Il te reste des loques,
des débris de lumière.
Il te reste les mots.
Même écorchés, ils étincellent.
Même entourés de dédain, ils rutilent.
Sevrée d'été,
du regard bienveillant
qui te pousse vers l'étendue,
tu sais
que tu peux t'appuyer
sur une syllabe,
embarquer sur le dos des voyelles.
Il s'agit d'écrire
comme coule le fleuve,
dans la juste mesure de soi.
Ecrire pour laver la nuit
de son interrogation,
rendre à l'arbre
sa présence muette.
Ecrire pour rejoindre
ce qui fuit,
ce qui surgit de l'éphémère.
Pour nous accompagner
au-delà de nous-mêmes.