Depuis des nuits
Je savourais l'appel
Mûri au jardin
Du secret.
Corps dressé
Comme un arbre,
Ebène de la voix
Polie par le sable,
La longue soif éclairait
Le chemin.
De l'inépuisable partage
Des mains et de l'eau
Naissait une pâte
A rassasier le ciel.
Chaque soir
Le fruit pensait au matin,
Usait la nuit profonde.
Des lèvres effritaient le soleil,
Les paroles s'égouttaient
A l'ombre des dattiers.
Moi, la sablonneuse,
La crépitante,
J'entrais dans la pierre
Comme on entre dans le sang,
Déployant mes racines
Pour fleurir le silex.
Labyrinthe de falaises,
Trouée d'orties blanches,
Eclat de la roche
Qui pousse loin
Ses mains suppliantes.
L'odeur du feu,
De nos conciliabules
Cuits au désert,
Grésillait dans la nuit
Qui tendait entre nous
Son drap de laine épaisse.
Accroupie
Comme pour l'enfantement,
J'alimentais le feu
D'un peu de bois sec.